A propos (English version)
Poser son pinceau sur une toile, dessiner sur une feuille, c'est comme jeter une pierre sur la surface d'une eau paisible : tenter de percer la matérialité, troubler les apparences pour avoir une vue différente, élargie, de ce monde.
Notre cerveau fabrique une image de la réalité filtrée par nos sens. Le signal perçu entre en résonance avec nos récepteurs et conduit à la formation de cette image. Nous voyons le monde comme un reflet de notre propre intériorité. Comprendre que tout ce qui n'a pas franchi ces filtres nous est inaccessible permet de réaliser que nous ne percevons qu'une part restreinte de ce qui se trouve à l’extérieur.
Il est possible d'éprouver une sensation identique lorsque, nageant à la surface de l'eau, nous décidons de tourner le regard vers les profondeurs de l’océan. Une infinie et vertigineuse beauté, un rien contemplant un néant tels deux miroirs se faisant face. Ceux-ci créent l'illusion d'un espace infini, pourtant nous ne voyons rien de ce qui se trouve au-delà du tain.
...Soudain, sous ma main, je peux sentir à nouveau la résistance de l'eau.
Pour moi, peindre s'apparente au geste de l'enfant qui frotte une feuille de papier avec un crayon pour révéler avec jubilation l'empreinte du bas-relief qui se cache au-dessous.
La peinture, par accumulation de couches successives, creuse cette surface et y révèle une profondeur insoupçonnée.
Elle découvre en couvrant.
C'est cette vision que je souhaite partager.
Jean-François.
Putting brush to canvas or pencil to paper is like throwing a stone into still waters: you try to pierce its materiality, to distort appearances in order to achieve a different, wider, view of our world.
Our brain fabricates images of reality that have been filtered by our senses. The perceived signals resonate with our receptors and prompt the formation of these images. We see the exterior world as a reflection of our own interior world. If we accept that anything not filtered in this way remains inaccessible, it becomes apparent that we only perceive a small portion of that which lies without.
This is not dissimilar to the feeling we get when we are swimming on the surface of the water and turn to gaze down into the depths of the ocean. We experience an infinite and vertiginous beauty – a mere nothing contemplating nothingness, like two mirrors reflecting each other, creating an illusion of an infinite space, and yet we do not see any of that which lies beyond the mirror.
…Suddenly I feel the water resisting beneath my hand again…
For me, painting is like when a child gleefully rubs a crayon over paper to reveal the raised image of the object underneath. With its many layers, painting penetrates the surface to reveal the unexpected depths below. It reveals as it conceals. This is my vision that I would like to share with you.
Jean-François